Angélique – Angelica archangelica – Apiaceae
Angélique
Angelica archangelica L.
Apiaceae
Nom scientifique: Angelica archangelica L., Angelica officinalis Hoffman
Noms vernaculaires: “Angélique vraie”, “Herbe aux anges, “Herbe du Saint Esprit”, “Archangélique”, “Angélique de Bohème” ou “Elixir de longue vie” en français; “Talbod”, “Tamboued”, “Parisilhen vertesten” en Breton.
Histoire et origine: C’est l’archange Gabriel qui aurait fait connaître aux hommes l’Angélique pour soigner les maladies graves. Les anciens la considéraient comme miraculeuse et prolongeant la vie (Cazin rapporte la cas d’Annibal Camoux, mort à l’âge de 121 ans, qui mâchait toujours des racines d’Angélique). En 1510, Paracelse, affirmait qu’elle éloignait la peste qui sévissait à Milan. Aujourd’hui elle est un stimulant digestif et entre dans la composition de nombreux élixirs de longue vie.
Paracelse appréciait l’Angélique contre la contagion car elle renforce les pouvoirs internes de défenses et empêche ainsi de “s’abandonner” aux épidémies. Au Moyen-Âge, elle était un des constituants de la panacée universelle appelée “thériaque”.
Pierre Lieutaghi disait d’elle que “ses emplois sont si nombreux qu’il est nécessaire de la compter parmi les meilleures de nos bonnes herbes”.
Identification botanique: Plante bisannuelle à triannuelle très rustique et opulente, à tige cannelée, creuse, violacée, à grandes feuilles bi- ou tripennées. Les jeunes inflorescences terminales sont enveloppées par une gaine renflée et striée formée par l’élargissement du pétiole des feuilles supérieures. Les fleurs verdâtres sont groupées en ombelles composées spectaculaires (jusqu’à 20 cm de diamètre) et contiennent de 20 à 40 rayons. On dit des inflorescences qu’elles sont des ombelles d’ombellules, autrement dit un macrocosme avec des microcosmes. La floraison est estivale (de juin à août). Les fruits sont des diakènes oblongs, à côtes primaires très marqué. La racine est volumineuse pouvant dépasser 10 cm de diamètre pour un poids de 1,5 kg.
L’Angélique affectionne les endroits frais et ombragés, sols profonds généralement riches en matière organique (rive des cours d’eau, fossés frais et fréquemment inondés, prairies et forêts clairsemées et humides).Par sa taille, elle est la plus grande plante aromatique connue.
Dans certaines régions du Nord de la France, il lui arrive parfois de se naturaliser en se ressemant dans les jardins et espaces verts.
Parties utilisées: Racines, feuilles, tiges, graines: “Tout est bon dans l’Angélique”! Les racines sont consommées après décoction de 10-15 minutes, ou après macération alcoolique pour en faire une alcoolature, les feuilles peuvent être utilisées dans la tisane, tout comme les graines, mais qui doivent être pilées au mortier au préalable. Les tiges peuvent être confites pour en faire des confiseries incroyablement succulentes au goût rafraichissant et puissamment aromatique!
Composition chimique: Huile essentielle (0,3 à 1,3 %, surtout dans la racine), hydrocarbure monoterpénique, monoterpène (alpha et bêta-pinène, alpha et bêta-phellandrène, alpha-pinène et limonène), lactones macrocycliques (qui lui confèrent son odeur si caractéristique), furanocoumarines (impératorine, bergaptène, angélicine, archangélicine), hydroxycoumarine (ombelliférone), flavonoïdes (archangélénone), sitostérol, acides phénoliques (acide caféique, acide chlorogénique, acide férulique), tanins, sucres, huile grasse, etc.
Médecine traditionnelle: L’Angélique est une plante digestive, apéritive, carminative et antismapsmodique utilisée pour les insuffisances digestives, les brûlures d’estomac ou les ulcères d’estomac, les spasmes intestinaux et les ballonnements. Elle est aussi calmante du système nerveux utilisée dans les cas de surmenage, de fatigue physique et mentale.
La boisson chaude à base des racines, feuilles ou graines (racines en décoction) est particulièrement agréable du fait de son parfum enivrant et enveloppant. Son action sur le système digestif est quasi instantané et procure un grand réconfort intérieur.
L’alcoolature d’Angélique (racines) participe au maintien d’un bon pH gastrique, contribue à stimuler l’appétit et détoxifie le foie.
L’élixir floral d’Angélique aide à prendre de la hauteur face aux difficultés rencontrées et renforce la confiance en l’avenir et en la vie. Il apporte une aide précieuse lors des découragements.
Synergies possibles pour la potentialisation des effets calmants du système nerveux: Aubépine (Crataegus monogyna), Camomille romaine (Chamaemelum nobile)
Synergies possibles pour la potentialisation des effets digestifs: Fenouil (Foeniculum vulgare), Cumin (Cuminum, cyminum), Aneth (Anethum graveolens)
Précaution d’emploi et utilisation:
Précaution d’emploi: Par précaution, elle est déconseillée pour les femmes enceintes ou allaitantes (pourrait être abortive). Elle est photosensibilisante au contact de la plante par son suc, mais pas par la consommation de la tisane (les furanocoumarines ne sont pas hydrosolubles).
En tisane de la feuille ou de la graine, une pincée par tasse, 1 à 2 tasses avant ou après le repas. Vous pouvez récolter les graines lorsqu’elles sont jaunes, avant qu’elles ne brunissent. Le séchage se fait sur une claie dans une pièce obscure et aérée et la conservation en bocal ou en sac kraft double feuille bien fermé hermétiquement. Si vous souhaitez avoir la chaleureuse compagnie de cette plante humanoïde chaque année, ressemez directement après la récolte car les semences ont un pouvoir de germination très court.
En alcoolature, faire une cure de 21 jours, à raison de 30 gouttes par jour diluées dans un verre d’eau avant le repas (ou 15 gouttes matin et soir). Faire une cure un mois sur deux et espacer dès l’amélioration de l’état.
L’élixir floral se prend en cure de 21 jours, à raison de 4 gouttes 3 fois par jour sous la langue.
Médecine holistique et approche sensible:
Wilhelm Pelikan parle des Apiacées comme étant des “plantes de l’élément AIR, n’ayant pas la possibilité d’incorporer en elles le terrestre” (ce sont généralement des herbacées, rarement des arbrisseaux, jamais des arbres). Leur floraison est toujours une explosion aérienne incroyable, et leur feuillage est toujours très découpés, au point parfois de “se volatiliser”, comme chez le Fenouil ou l’Aneth, où l’on peut compter jusqu’à 9000 lobes sur une feuille!
La feuille étant l’organe de la coopération et du conflit entre l’AIR et l’EAU, entre la lumière et l’obscurité, les Apiacées, appelées auparavant les Ombellifères, sont visiblement très sensibles à cette confrontation. De cette confrontation aérienne naît un organe souterrain enfoncé, puissamment conservé dans le sol, une racine charnue, vigoureuse et renflée, dans laquelle les forces cosmiques sont présentes: “le cosmique est “invaginé” dans le terrestre”, d’où la présence forte d’huile essentielle.
La plupart des Apiacées ont une respiration particulière: étant des bisannuelles ou vivaces plus ou moins longues, les années de feuillaison sont une systole et les années de floraison sont une diastole: “Une diastole explosive suit la systole intense”. Dans l’inflorescence, la croissance se divise et se subdivise à l’extrême et les fleurettes très discrètes sont regroupées on ombelles, voir ombelles d’ombellules et respectent le principe du rayonnement (elles sont très ouvertes, planes, étalées, avec des étamines qui rayonnent et divergent). La fructification coupe tout lien avec l’élément EAU car les fruits sont des akènes (fruits secs, non charnus). Après leur formation, la plante n’a plus qu’à se dessécher et périr.
Mais leur lien avec l’élément AIR va même plus loin, car non seulement elles s’étendent dans le domaine aérien par leurs feuilles et leurs fleurs, mais elles s’approprient littéralement de l’air en leur gaine et/ou leur tiges creuses. En ce sens, elles tendent à dépasser le règne végétal et s’approcher du règne animal. Habituellement, le végétal ne peut saisir que de solide et de liquide, le gazeux et le calorique restant à l’extérieur de son corps physique. Seuls les êtres vivants doués d’une âme (psychisme – astral) et d’un moi (spirituel) peuvent intérioriser les processus gazeux et caloriques (respiration et fonction sanguine), les maîtriser et en disposer. Les Apiacées font place au gazeux dans leurs tiges: “elles sont saturées d’air à l’intérieur, depuis le haut jusqu’en bas”.
Concernant l’Angélique officinale, Pelikan nous indique finalement que cette “plante médicinale très célèbre du Moyen-Âge doit son nom au fait que le secret de sa force thérapeutique ne peut être trouvé dans le domaine de l’entendement lié au sens, mais seulement par une force d’intuition spirituelle”.
“L’homme et les plantes médicinales – Tome 1”, Wilhelm Pelikan, Editions Triades, 1979.
Autres usages populaires
Tabac à priser: La feuille à parfois été fumée mais elle fut surtout utilisée pour aromatiser le tabac à priser.
Oreillers et coussins: Avec la plante fraîche on faisait des “coussins à plantes” aromatiques, éphémères, très agréables. Traditionnellement, ils étaient recommandés pour apaiser l’esprit et favoriser le sommeil.
Jouets buissonniers: La tige creuse et sèche a servi, comme le Sureau, à confectionner de nombreux objets pour les enfants (sarbacanes, pistolets, seringues, flûtes et divers instruments de musique). Par précaution on n’utilise pas la tige fraîche car elle contient un suc photosensibilisant, particulièrement irritant pour la peau et les muqueuses en particulier.
Usage culinaire: L’Angélique contient de nombreux autres constituants intéressants d’un point de vue nutritif, comme par exemple la vitamine C et le carotène dans les feuilles et le pétiole (avant floraison, les pétioles du tiers du haut de la feuille, le bas étant trop fibreux et coriace). Elle est utilisée en liquoristerie, en boulangerie, en pâtisserie (biscuits, dragées, confiture, galettes, etc.), dans des sauces, condiments et vinaigres. On la retrouve dans les recettes traditionnelles de la Chartreuse, de la Bénédictine, de l’Eau de Mélisse des Carmes, etc.
Arlette Jacquemin
Paysanne-herboriste biodynamiste
Florithérapie holistique
Synergie personnalisée d’élixirs foraux sur demande (06.84.03.30.59)
